Elles représentent la moitié de la population mondiale et, pourtant, leur dignité est, quotidiennement, mise à mal. La contribution des femmes au combat n’est pas suffisamment reconnue, recherchée, ni attendue, alors qu’elles sont les principales impactées par le changement climatique, et que leurs conditions de vie et de travail se dégradent chaque jour. A l’occasion de la journée de lutte internationale pour le droit des femmes, tour d’horizon de nos actions en faveur des femmes, de leurs droits, de leur empowerment.

Les femmes, premières victimes des changements climatiques

Partout, les femmes sont les plus menacées par les impacts des changements climatiques.  En Asie et en Afrique, où de nombreux pays sont menacés par les évolutions du climat, 60% à 80% de la production agricole repose sur le travail des femmes. Il en va de même dans l’ensemble des pays en développement. Dès lors, ce sont leurs conditions de vie et de travail qui sont compromises en premier lieu par les conséquences des changements climatiques. Et elles sont également très exposées aux phénomènes extrêmes.

En effet, des études montrent que le risque de décès lié aux désastres naturels est 14 fois plus élevé chez les femmes et les enfants du fait de leur plus grande  vulnérabilité liée à leurs conditions de vie plus précaires et leur moindre accès à l’exercice de leurs droits.  

Pourtant, les femmes sont souvent motrices du changement et de l’adaptation aux changements climatiques ! Encore trop souvent assignées aux tâches ménagères quotidiennes, elles participent activement à la gestion des ressources naturelles et sont donc particulièrement conscientes de la dégradation environnementale. Forces de résilience, elles portent de nombreuses initiatives dans les secteurs de l’eau, l’énergie, les déchets, l’amélioration des pratiques agricoles ou encore la préservation des ressources naturelles.

Pourtant, leur place dans la société leur confère un lourd fardeau qui ne leur permet pas de disposer, aujourd’hui, des mêmes droits et opportunités en termes d’accès aux services essentiels,  à l’éducation, à la santé, aux activités économiques ou à la finance.  Leur pouvoir d’agir est aujourd’hui extrêmement contraint, et leur contribution et résilience est souvent méconnue et/ou dévalorisée. L’inégalité des sexes est un frein majeur dans la lutte contre les changements climatiques, elle doit donc davantage être prise en compte pour que la lutte devienne plus inclusive, mobilisatrice et efficiente ! 

Planète Genre, des cartes mises à jour et un nouveau site !

Au Geres, nous sommes convaincu·es que la lutte contre les changements climatiques ne peut se conduire sans rechercher, constamment, à réduire les inégalités et, notamment, les inégalités de genre. Nous sommes convaincu·es que les femmes sont des actrices centrales de la lutte pour la préservation de la planète, c’est pourquoi nous nous engageons sans relâche dans le renforcement de leur pouvoir d’agir. 

Pas de Solidarité sans Inclusion ! Découvrir la politique inclusive du Geres

Pour illustrer les liens entre genre et climat, sensibiliser, provoquer des discussions, le Geres a créé main dans la main avec d’autres ONG engagées sur ces sujets (BPW, le Gret, France Volontaires, Care, le réseau F3E et le Project Soar), le jeu Planète genre, un jeu des 7 familles destiné à être un outil pour réfléchir sur les liens entre genre et climat. A travers 42 cartes, ce jeu explore comment les changements climatiques affectent les populations de manière différenciée mais aussi, les barrières à lever et comment femmes et hommes participent aux solutions d’adaptation et d’atténuation dans leur contexte respectif. 

Retrouvez toute l’histoire de Planète Genre dans cet article.

Et cette année, le Geres fait paraître la deuxième édition de Planète Genre ! Les cartes arborent désormais des mots-clés afin de souligner les impacts vécus par les personnages illustrés ou encore les solutions qu’ils et elles incarnent, ce qui rend le jeu aussi plus inclusif en matière d’accessibilité. Certains contenus ont également été actualisés, notamment celle du personnage de la Cousine en Afghanistan [Famille Asie centrale] où les femmes ont été privées de la majorité de leurs libertés, entre autres celles de travailler dans certains secteurs, comme celui des ONGs. 

Pour accompagner la sortie de cette deuxième édition, un mini site verra bientôt le jour ! Vous pourrez y retrouver des informations complémentaires relatives à ses modalités d’utilisation, mais aussi sur les situations décrites sur les cartes personnages, afin d’approfondir votre connaissance sur les façons dont le changement climatique touche les populations de manière différenciée et les solutions mises en oeuvre à travers le monde avec l’appui de différents acteur·ices du secteur. Vous pourrez vous servir de toutes ses ressources pour jouer, animer des ateliers, construire des interventions au sein de vos entreprises, associations, collectivités,  écoles, etc. afin d’ explorer collectivement les liens entre genre et climat et être capable de mieux y faire face! 

La transition énergétique, levier d’inclusion

Au Geres, nous avons fait de l’énergie et de la transition énergétique notre cœur de métier. Et c’est aussi par elle que nous croyons profondément au renforcement du pouvoir d’agir des femmes.
On sait que les femmes sont plus vulnérables du fait des discriminations basées sur le genre, qu’elles ont des besoins énergétiques spécifiques et qu’elles sont en charge du “care*”. Pourtant,leur accès à l’énergie est plus limité en quantité et qualité, diminuant ainsi leurs possibilités d’action. C’est pour cela que nous menons, dans plusieurs pays, des projets concrets en faveur de leur accès à l’énergie mais aussi du renforcement de leur pouvoir d’agir, notamment dans la sphère économique. 

La notion de care peut être définie comme suit : « Une activité caractéristique de l’espèce humaine qui inclut tout ce que nous faisons en vue de maintenir, de continuer ou de réparer notre « monde » de telle sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. »  (Joan Tronto et Berenice Fisher, 1993).

Au Myanmar, comme partout dans le monde, les femmes sont encore majoritairement responsables des tâches domestiques, comme la cuisine. Face au manque de connexion au réseau et/ou d’équipements appropriés, les femmes du Myanmar passent de nombreuses heures par an à collecter le bois pour cuisiner et chauffer la maison du foyer, au dépends de leur santé. En plus de contribuer à la déforestation et aux changements climatiques, l’exploitation de cette biomasse comme source d’énergie condamne ces femmes à un travail difficile, chronophage, et générateur de maladies respiratoires liées à l’exposition aux fumées nocives.

Depuis 2014, le Geres promeut au Myanmar des solutions énergétiques performantes et adaptées : foyers de cuisson kits d’électrification solaire, petits équipements de cuisin, plus performants et respectueux de l’environnement, etc. Pour assurer leur commercialisation notamment en zone rurale, le Geres a mis en place le réseau Ah Lin Tan, qui favorise la participation économique et la professionnalisation de femmes distributrices au dernier kilomètre. Ce programme offre ainsi des opportunités entrepreneuriales aux femmes qui deviennent membres du réseau tout en contribuant à améliorer les conditions de vie de leurs communautés  qui accèdent ainsi à des solutions et services  énergétiques indispensables.

En Mongolie, le Geres s’investit dans le renforcement des capacités agricoles des agriculteurs et agricultrices, notamment via le développement de technologies bioclimatiques et le soutien financier des petites exploitations agricoles. En effet, les femmes représentent 75% de la main-d’œuvre pour la production maraîchère, mais, dans un écosystème majoritairement patriarcal, ces dernières peinent à accéder à la propriété, à des services financiers ou à de la formation. C’est pourquoi le programme FSPI porté depuis 2023 par le Geres et ses partenaires, assume son positionnement pour le renforcement de capacités des femmes agricultrices afin de répondre aux nouveaux besoins du pays en termes agricoles, mais également de s’adapter à la réalité du terrain, notamment chez les petits producteur·ices.  

Au Maroc, le Geres accompagne le développement d’une filière locale de fours à haute performance énergétique (HPE) domestiques et professionnels permettant une économie de gaz de 30 à 50%. Le partenariat avec 3 industriels du secteur a notamment permis la création du Label « FaranEco » (Faran signifie four en arabe). En avril 2022 le Geres a alors monté un réseau féminin de vente autour des fours FaranEco afin de lier transition énergétique et inclusion. L’objectif était d’accompagner ces femmes dans une insertion-socio-économique en les formant aux techniques de ventes pour compléter leurs revenus et s’émanciper en faisant la promotion du label FaranEco.

En Afrique de l’Ouest, le Geres intervient depuis 2015 aux côtés d’organisations internationales, afin de contribuer à répondre aux besoins énergétiques des zones rurales, et d’accompagner le développement entrepreneurial sur place. Au Mali, nous avons contribué à l’installation de 8 Zones d’Activités Électrifiées et 5 nouvelles sont aujourd’hui en projet. Ces ensembles de bâtiments bioclimatiques fournissent un accès constant à l’électricité en limitant l’utilisation des générateurs à essence tout en permettant aux territoires de créer de la valeur et de l’emploi pour les populations locales, et notamment les femmes. Grâce à cet accès à l’énergie, à de la formation et à leur approche inclusive les ZAE permettent aux femmes de participer activement au développement de leur territoire. 

Contribuez à la réussite de notre projet FAME !

En Afrique toujours (Afrique de l’Ouest, du Nord et du Golfe de Guinée), mais aussi en Asie du Sud, et en Amérique Latine – Caraïbes, notre nouveau programme FAME (Féminismes : Actions et Mobilisations pour une Économie inclusive – financée par l’AFD et le MEAE), créé en consortium avec d’autres ONG et réseaux internationaux agit en faveur des femmes, des personnes LGTBQIA+ et des organisations féministes, fortement discriminées et entravées dans l’accès à leurs droits en renforçant leur pouvoir d’agir pour une économie inclusive et durable. 

Retrouvez toutes les informations sur notre programme FAME dans cet article

Et, afin d’accompagner au mieux les organisations féministes des 10 pays concernés par le projet FAME, le consortium vient de lancer une vaste enquête visant à davantage connaître le paysage des OSC féministes et parties prenantes, notamment en ce qui concerne leurs besoins  en renforcement de capacités. Les réponses permettront de développer la plateforme d’apprentissage en ligne en cours de construction et de garantir que les contenus proposés répondent aux réalités de terrain. Une cartographie des parties prenantes agissant pour le renforcement de la participation économique des femmes et des personnes LGBTQIA+ est également en cours de construction. Les organisations participant à la l’enquête sur leurs besoins en renforcement de capacités seront informées de la mise en ligne des contenus de la plateforme d’apprentissage, qui seront accessibles gratuitement. Accédez au questionnaire ici ! Et en prime, une bonne nouvelle : nous lançons les un sité dédié FAME ou retrouver en détails les ambitions, actions et avancées du projet : www.fameproject.org.

Le 8 mars c’est la journée dédiée à la lutte pour les droits des femmes et minorités de genre, une journée pour porter ces problématiques sur le devant de la scène, mais n’oublions pas que c’est une lutte que mènent, chaque jour, de nombreuses ONG et organisations de la société civile, partout dans le monde et que c’est un combat, qui plus que jamais, doit être soutenu par les pays en développement.