Les femmes,
en première ligne
de la bataille climatique
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La crise climatique n’est plus aujourd’hui un futur effrayant mais une réalité. Et l’engagement des femmes dans la transition énergétique est d’autant plus important qu’elles sont les plus durement impactées par les dérèglements du climat. Nous avons souhaité mettre en avant ces femmes engagées dans la bataille climatique à travers une série de portraits et une web-conférence qui se tiendra le 28 avril prochain.
Le dérèglement climatique a commencé
En 2018, le rapport spécial du GIEC nous avait rappelé une fois de plus l’urgence climatique. Trois ans plus tard, l’Organisation Mondiale de la Météorologie a publié un nouvel état des lieux du climat et le constat est sans appel : les températures moyennes mondiales sont environ +1,2°C au-dessus de la moyenne de référence (période 1850-1900). L’Institut d’Océanographie Scripps vient quant à lui de chiffrer la concentration de CO2 dans l’atmosphère à 417,11 parties par million. C’est un triste record qui dépasse tous les seuils précédents depuis plus de 800 000 ans.
Aujourd’hui, les impacts se font déjà incontestablement ressentir. En 2020, le cabinet Carbone 4 a relevé 1524 décès liés aux canicules successives des mois de juin et juillet en France. Pendant ce temps, des records de température ont été enregistrés dans la Vallée de la Mort en Californie avec plus de 54°C et en Sibérie avec plus de 38°C. Plus de 12 millions d’hectares sont partis en fumée entre l’Amazonie, la Californie et la Sibérie. Des baisses de production céréalière de l’ordre de 15 à 25% ont été enregistrées en Somalie et des centaines de milliers d’hectares ont été détruits par des phénomènes climatiques en Ethiopie.
Le dérèglement climatique n’est plus un futur effrayant mais une réalité mortelle.
Et pourtant, la réponse nationale comme internationale accuse encore et toujours un retard inacceptable. La pandémie de Covid19 est passée par là et l’ambition des Etats a été mise à mal. Les nouvelles contributions déposées à la fin 2020 pour seulement 75 pays sur les 190 attendus placent le monde sur une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de -1% d’ici à 2030. Là où le GIEC recommande a minima -45% pour rester sous la barre d’un réchauffement planétaire de +1,5°C, et donc éviter le pire.
En France, et c’est une première, la justice vient pour sa part de condamner l’Etat pour « carences fautives » dans la lutte contre les changements climatiques. La société civile, y compris les membres de la Convention Citoyenne sur le Climat, dénoncent aujourd’hui un détricotage massif des mesures et un manque d’ambition inquiétant dans le cadre du projet de loi “Climat et résilience”.
Les femmes, premières victimes des changements climatiques
Face à ces menaces de plus en plus palpables, les changements climatiques provoquent pour les femmes des injustices encore plus criantes que pour les hommes et aggravent les inégalités de genre.
En période de crise, les filles sont souvent les premières à être déscolarisées pour aider leur famille. Après des crises climatiques extrêmes, elles courent un risque accru de violences et d’exploitation. Certaines maladies peuvent aussi davantage affecter les filles que les garçons, en particulier pendant leurs règles, lorsqu’elles sont enceintes ou jeunes mères.
Par ailleurs, la perturbation des services de santé due aux catastrophes naturelles augmente les grossesses non planifiées.
De manière générale, les femmes ont moins accès aux informations et aux ressources nécessaires pour faire face aux différentes crises écologiques. Elles sont pourtant en première ligne de la bataille climatique mais n’ont pas toujours les armes pour se défendre, alors que leur rôle est essentiel pour impulser le changement sociétal qui nous permettra d’atténuer les changements climatiques.
Elles sont cependant de plus en plus impliquées dans la mise en œuvre de la transition énergétique, un levier essentiel pour relever le défi écologique et climatique.
L’engagement des femmes dans la transition énergétique
Dans le secteur professionnel de l’énergie, en France comme dans le monde, les femmes sont, comparativement aux hommes, très peu représentées. A l’échelle mondiale, le secteur des énergies renouvelables rééquilibre à peine cet écart puisque les femmes y représentent 32% des effectifs contre 22% pour les combustibles fossiles. Et derrière ces pourcentages se cachent encore de grandes disparités ! Seulement 28% des femmes sont dans des postes techniques ou scientifiques contre 45% dans des postes administratifs (IRENA, 2019). En d’autres termes, l’ingénierie énergétique a encore un long chemin à faire pour atteindre la parité.
Au-delà de ce secteur, les métiers techniques ou scientifiques, et les filières universitaires associées, sont encore trop perçues comme réservés aux hommes. C’est une situation que Marie-Noëlle Reboulet, la présidente du Geres, dit avoir pu observer au sein d’un bureau d’études où peu de candidatures féminines étaient reçues. Dans le domaine des énergies renouvelables, avec une image et des entreprises nouvelles, la présence des femmes devient cependant un peu plus significative.
Et c’est une évolution que tente d’impulser le « Prix femmes des énergies renouvelables » devenu « Prix femmes de la transition énergétique« en 2021. Il montre depuis 4 ans que les femmes s’engagent activement. Elles innovent et font bouger les lignes du secteur, tant par l’entreprenariat que par une prise de responsabilité croissante au sein des collectivités territoriales et de l’État.
Cette évolution est aussi ressentie dans l’économie sociale et solidaire où les femmes font front commun pour parler « énergie », que ce soit dans les coopératives comme Enercoop ou les associations qui agissent en France comme le CLER ou à l’international comme le Geres.
Les femmes, au cœur des actions du Geres
Nous considérons au Geres qu’une démarche de développement ne peut être durable que si elle est combinée à une participation équitable des femmes aux projets qui sont menés. Cette participation des femmes est essentielle à toutes les étapes de nos interventions, de leur conception à leur évaluation et notamment lors des prises de décisions. Elles sont souvent garantes de la pérennisation de ces projets. Il est ainsi fondamental d’agir pour renforcer l’accès des femmes à l’information et aux formations mais aussi développer leur capacité de leadership et contribuer à ce qu’elles deviennent des actrices à part entière du changement au sein de leurs communautés.
Dans le cadre des actions que nous menons, nous accompagnons notamment les femmes dans le développement inclusif des territoires et des filières économiques. Nous nous attachons aussi à fournir des services énergétiques abordables et fiables permettant de réduire les charges domestiques qui leur incombent majoritairement. Le temps ainsi libéré leur permet de souffler et leur ouvre davantage d’opportunités économiques et sociales.
En Europe, cette approche se concrétise par exemple à travers nos actions de lutte contre la précarité énergétique qui sont tournées, notamment, vers les femmes et les familles monoparentales. Nous considérons que les femmes sont des agentes actives qui peuvent être des innovatrices à l’origine de solutions énergétiques efficaces.
Au Mali, elles sont également très impliquées dans la transition énergétique du pays. Elles s’engagent dans la fabrication et la distribution de foyers améliorés qui permettent de réduire la consommation de charbon. En tant qu’entrepreneures, elles s’installent dans les nouvelles zones d’activités électrifiées que nous déployons à travers le pays, avec un accès fiable à une électricité issue de panneaux solaires qui leur permet de développer et diversifier leurs activités.
Au Myanmar, elles sont au centre du défi climatique. Dans le cadre de la diffusion de solutions énergétiques durables pour les villages les plus isolés, nous soutenons l’entreprenariat des femmes à travers le développement d’un réseau de distribution novateur et inclusif par le renforcement de leurs capacités commerciales et techniques.
Dans les communautés rurales de Mongolie, nous travaillons avec nos partenaires à renforcer le pouvoir d’action et de décision des femmes, notamment sur les enjeux de transition énergétique et de résilience aux changements climatiques. Nous les appuyons dans le renforcement de leurs activités productives et dans leur représentation dans les organes de décision locaux et nationaux.
Ces engagements sont cruciaux car nous savons que lorsque les femmes ont des emplois et participent pleinement au développement économique de leur région, elles ont tendance à investir davantage dans l’amélioration des conditions de vie de leurs familles et de leurs communautés (éducation, santé, bien-être). Les femmes réinvestissent en effet jusqu’à 90% de leurs revenus au profit de leur famille alors que, selon les études qui ont été conduites sur le sujet, les hommes réinvestissent seulement 30 à 40% de ces revenus pour améliorer la qualité de vie de leurs proches.
Les femmes sont donc des actrices incontournables d’une transition sociétale juste et ambitieuse et les impliquer dans tous les processus de développement est primordial. Cela implique de concevoir des stratégies spécifiques en matière de mobilisation, de formation et d’ingénierie financière, prenant en compte leurs contraintes spécifiques… mais également de donner de la visibilité à leurs actions.
C’est le défi quotidien des équipes du Geres.
PORTRAIT DE FEMMES ENGAGées
> Nawida, cheffe du projet Kabul Green Homes en Afghanistan
> Soukaina, ingénieure énergie au Maroc
> Odonchimeg, chargée de communication en Mongolie
> Ma Nyo, recruteuse de femmes entrepreneures au Myanmar
> Marina, Responsable programme inclusion et énergie en France et à l’international
> Anne Jegat est partenaire du Geres et est dirigeante du groupe SOMEFORM
> Lydie est Responsable de la gestion photovoltaïque du pôle d’énergie productive à Koury, au Mali
> Anna est chargée de communication à Marseille
une conférence pour prendre le pouvoir
Ce mercredi 28 avril 2021 de 17h30 à 19h00, l’ONG WECF, la Fondation Raja-Daniele Marcovici et le Geres vous invitent à échanger autour du rôle essentiel des femmes dans la bataille climatique. Témoignages, freins et solutions seront au programme. Nous vous attendons nombreuses et nombreux !
La présidente du Geres reçoit le Prix des Femmes de la transition énergétique 2021
Organisée par Green Univers et Andera Partners, la cérémonie qui s’est déroulée ce 5 mars 2021 a été l’occasion de mettre en avant 20 « championnes » des énergies renouvelables. Parmi les lauréates, Marie-Noëlle Reboulet, présidente très engagée du Geres, a remporté un prix dans la catégorie « Associations ».