Les communautés forestières engagées dans la transition énergétique au Cambodge
Le Cambodge a le triste record du taux de déforestation le plus élevé d’Asie du Sud-Est. Dans la province de Kampong Chnang, nous intervenons à la fois auprès des communautés forestières locales et auprès des industriels, principaux consommateurs de bois-énergie.
Au Cambodge, la biomasse constitue la principale source d’énergie du pays. Le charbon est utilisé aussi bien par les ménages pour la cuisson domestique que par les industries textile et agro-alimentaire. La conversion des zones forestières en surfaces agricoles a longtemps permis de répondre à cette forte demande. Cependant ce déboisement massif touche aussi désormais les forêts protégées et ne constitue pas une solution durable pour le pays. Les écosystèmes forestiers sont par ailleurs lourdement impactés par les événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations auxquelles le Cambodge est particulièrement vulnérable [1].
En réponse au problème environnemental et aux enjeux socio-économiques du Cambodge, le Geres œuvre au développement d’un secteur biomasse-énergie durable. Dans la province de Kampong Chnang, en périphérie du massif des Cardamones, nous intervenons à la fois auprès des communautés forestières locales et auprès des industriels, principaux consommateurs de bois-énergie [2].
Une réponse aux enjeux des communautés forestières
Lors d’une visite de l’Aire Protégée Communautaire [3] (APC) d’Anlong Svay dans la Province de Kampong Chhnang, son Président Nut Hang, engagé pour la protection de la forêt, a témoigné de la situation auxquels ils font face : « Par endroits, la forêt a reculé et il n’y a plus que du bambou. Nous devons planter des arbres et restaurer la forêt dans ces zones tampons entre les terres des villageois et la forêt protégée ».
Nut Hang est un des représentants des autorités locales accompagnées par le Geres. Il a bénéficié de formations pour avoir une meilleure connaissance des phénomènes climatiques impactant son territoire, définir un plan de développement en faveur de la restauration des écosystèmes forestiers et apprendre à gérer durablement les ressources naturelles de sa communauté.
Les membres des APC sont majoritairement pauvres et l’amélioration des conditions de vie de leur famille reste leur principale priorité, comme l’explique Nut Hang : « La plupart des personnes de notre communauté sont sans emploi à la fin des récoltes de riz. C’est pour cela que certains vont couper des arbres dans la forêt pour vendre le bois et subvenir aux besoins de leurs familles ».
La forêt joue donc un rôle majeur dans le développement socio-économique du pays et elle fournit des ressources essentielles aux foyers les plus vulnérables. Cependant, les communautés sont souvent mal informées des potentiels bénéfices que représentent ces aires protégées, ce qui contribue à abandonner ces zones très dégradées aux mains d’acteurs peu scrupuleux. Le plan de développement doit donc également trouver une réponse durable à la demande en bois-énergie.
Mettre en place des pépinières communautaires et des plantations commerciales au niveau des zones tampons est une solution envisagée qui permettrait d’offrir sur le long terme des produits à haute valeur ajoutée aux communautés locales. La vente de bois issu des zones tampons pourrait ensuite financer les activités de patrouille pour protéger les forêts.
Engager le secteur privé
Ces communautés forestières se situent à proximité de nombreuses usines de confection textile, fortement consommatrices en bois-énergie. Le Geres travaille avec une trentaine d’usines fournissant H&M au Cambodge pour les sensibiliser aux limites de la consommation de bois-énergie non-durable dans l’industrie et favoriser une transition vers un approvisionnement durable bénéfique aux communautés.
Aller plus loin
Les programmes menés au Cambodge par le Geres sont soutenus par de nombreux partenaires privés et publics. Si vous aussi vous souhaitez contribuer au développement de cette démarche auprès des communautés forestières et pour le développement de filière de bois durable au Cambodge n’hésitez pas à contacter l’équipe mécénat.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter nos pages : nos actions et nos actualités au Cambodge.
L’entretien avec Nut Hang a été mené par Maisam Math, Chargée de projets « Adaptation aux changements climatiques », et traduit par Léa Watine, chargée de partenariats au Geres.
[1] Le Cambodge est classé 12ème dans la catégorie « risque extrême » par l’index 2015 de vulnérabilité face aux changements climatiques développé par Maplecrof.
[2] Le bois-énergie est le bois utilisé pour produire du feu, que ce soit pour se chauffer, s’éclairer, cuisiner ou produire de l’électricité. Cette source d’énergie est issue de la biomasse. Elle est donc renouvelable et neutre en carbone, pour peu que le bois soit exploité de manière durable.
[3] Les APC sont un mode de gestion déléguée aux communautés locales. Ces aires sont divisées en plusieurs zones, certaines permettant une exploitation durable des forêts, d’autres étant dédiées à la conservation. Les APC sont gérées par un comité de gestion, représentant l’ensemble des villages de la zone et élu par les membres de l’APC.
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