Le Geres reçu par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies pour partager son approche genre dans l’énergie
Pour la 47ème session du Conseil des Droits de l’Homme, le Geres était convié à une conférence réunissant plusieurs membres experts des organes et mécanismes des Droits de l’Homme de l’ONU et des organisations de la société civile travaillant dans les domaines de l’énergie, du changement climatique et des droits des femmes.
Objectif : partager notre approche genre sur le terrain et formuler des recommandations.
Contexte.
Organisé par The Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights et soutenu par Oxfam Mexico et la fondation Friedrich Ebert, l’événement en ligne avait pour ambition de créer un véritable espace de discussion permettant aux organisations de la société civile de partager leurs expériences sur le terrain et de favoriser l’apprentissage mutuel.
Derrière, l’envie de renforcer les liens entre les experts et les militants afin de promouvoir la création de réseaux et politiques pour obtenir des données justes sur les questions de genre dans le secteur de l’énergie.
En présence de Melissa Upreti et Dorothy Estrada-Tank (toutes deux membres des Nations Unies au sein du groupe de travail sur les discriminations faites aux femmes) et Heisoo Shin, (Membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies), Marina Dubois, Responsable Programme Inclusion et Energie au Geres s’est prêtée au jeu des questions réponses.
Au programme : des solutions et des recommandations concrètes pour que les femmes contribuent, de manière active et significative, à une transition énergétique juste.
RETRANSCRIPTION DE L’INTERVIEW
1/ Question — Le Geres est l’une des rares organisations non gouvernementales internationales à mobiliser les communautés et les décideurs autour de la « solidarité climatique » en Europe, en Afrique et en Asie, en utilisant la transition énergétique comme un élément clé. Selon vous, que signifie l’intégration du genre dans la transition énergétique ?
M.D (Geres) — Pour nous, la prise en compte du genre dans la transition énergétique nécessite d’agir à tous les niveaux.
A commencer par la lutte contre les stéréotypes dès l’école et l’université pour s’assurer que les filles ne se privent pas de s’engager dans la filière ingénierie énergétique. En parallèle, il est nécessaire que l’équipe éducative aussi intègre le fait que les femmes sont aussi légitimes que les hommes dans ce secteur !
Au Geres, nous nous intéressons de plus en plus au public jeunes et à la filière formation professionnelle pour impulser des changements le plus en amont possible.
Au Mali, le Geres a récemment été convié à un festival de brassage culturel et Artistique pour sensibiliser les jeunes au rôle de l’énergie dans la valorisation des produits agricoles. Parmi ses interventions, une formation auprès de jeunes femmes et jeunes hommes à l’énergie photovoltaïque.
il faut impliquer les femmes dès la conception des technologies pour s’assurer que leurs besoins et aspirations spécifiques soient entendus et que des solutions imaginées soient adoptées durablement.
On sait également qu’il faut associer les femmes à la diffusion de solutions énergétiques car elles sont identifiées et reconnues comme les meilleurs prescriptrices de produits énergétiques, puisqu’elles en sont les premières utilisatrices.
Lire l’article : l’entrepreneuriat féminin, source d’énergie en milieu rural au Myanmar
évidemment il faut impérativement les promouvoir en tant que décideuses au sein des projets énergétiques.
Leurs participations doivent être assurées et leurs voix entendues pour garantir la pertinence et l’efficacité de l’action à mettre en œuvre.
Sans oublier d’accorder une attention particulière aux femmes cheffes de famille monoparentale, qui constituent la majorité des ménages à faible revenu dans le monde, en veillant à ce qu’elles ne soient pas laissées pour compte.
Et enfin, assurer la collecte de données ventilées par sexe qui inspireront la formulation des politiques énergétiques.
2/ Question — Comment le Geres relève le défi de la participation des femmes sur le terrain, dans des communautés où le genre est souvent une dimension complexe ?
M.D (Geres) — Nous commençons par sensibiliser notre équipe. Ils doivent d’abord comprendre ce qu’est le genre, en quoi il diffère des attributs physiologiques, en quoi il s’agit d’une construction sociale qui diffère d’un pays à l’autre, qui peut évoluer avec le temps et qui dépend aussi de la perception de chacun-e.
L’utilisation de méthodes participatives telles que les jeux aident notamment à mieux comprendre ce que signifie le genre !
Une fois cette notion comprise, nous travaillons ensemble pour identifier comment le genre conduit à des inégalités entre les hommes et les femmes, quels facteurs d’influence expliquent ces inégalités et comment il en résulte des contraintes pour les relations entre les femmes et les hommes.
Lire l’article : de l’implication des femmes à leur empowerment
Car en ayant une meilleure compréhension de la dimension du genre dans laquelle évoluent les communautés avec lesquelles nous travaillons, nous sommes mieux équipés pour identifier les opportunités d’amélioration des relations entre les femmes et les hommes.
Ensuite, il n’y a plus qu’à activer les leviers appropriés qui pourraient profiter à toutes et tous.
La recherche de modèles au sein des communautés ou à proximité est une stratégie efficace pour inciter les filles et les femmes à participer.
Il faut mobiliser les hommes pour qu’ils prennent part à la promotion de la participation des femmes en leur démontrant comment toute leur famille en bénéficiera : c’est un facteur clé de succès.
Au Geres, la promotion de l’entrepreneuriat des femmes a été identifiée comme un moyen stratégique de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes dans le cadre de nos interventions.
Au Myanmar, nous avons initié par exemple la création d’un réseau de femmes revendeuses de solutions énergétiques dans la Dry zone du Myanmar en facilitant l’apprentissage par les pairs et en développant des guides de kits de vente.
En savoir plus sur le projet d’accès à l’énergie durable en milieu rural au Myanmar
On peut également parler du Mali, où nous fournissons un soutien adapté et un accès aux financements pour les femmes entrepreneures. Enfin au Maroc, nous allons soutenir la mise en place d’un réseau de revendeuses de fours à haute performance énergétique et travailler avec des institutions financières pour développer des solutions de crédit Intéressantes et favoriser l’acquisition de ces fours.
3/ Question — Quelles seraient, selon vous, les recommandations politiques clé que nous devrions mettre en place ?
M.D (Geres) — Pour nous, il est crucial d’encourager les analyses contextuelles genrées pour aider à comprendre sa dimension complexe et identifier les bons leviers de changement.
Il faut aussi soutenir les recherches empiriques afin de recueillir davantage de preuves démontrant les avantages de l’intégration du genre dans la transition énergétique.
Pour conclure, cet événement est à mon sens, aussi un très bon levier pour s’entraider, partager, s’inspirer et mobiliser. Organiser une campagne à grande échelle pour promouvoir les femmes leaders dans la transition énergétique, c’est comme cela que nous réussirons à lutter efficacement contre les stéréotypes et inspirer les filles et les femmes du monde entier à rejoindre la mobilisation pour une transition énergétique juste et durable.
Au Geres, nous avons commencé cette année par valoriser les femmes engagées dans la solidarité climatique au sein de nos équipes et partenaires. Ca a été un vrai boost pour elles et nos équipes. Il faut continuer de visibiliser leur rôle !
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L’évènement, tenu le 14 juillet dernier, réunissait :
Les représentantes du Conseil des Droits de l’Homme :
- Melissa Upreti, membre du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes en droit et en pratique
- Dorothy Estrada-Tanck, Membre du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes en droit et en pratique
- Heisoo Shin, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies.
Intervenantes des organisations de la société civile :
- Irene Giner-Reichl, Global Women’s Network for the Energy Transition
- Debajit Palit, TERI, The Energy and Resource Institute (Institut de l’énergie et des ressources)
- Lidija Živčič, membre du consortium EmpowerMed dont fait également partie le Geres.
- Marina Dubois, Responsable Programme Inclusion et Energie au Geres
Modératrices
- Magdalena Sepúlveda Carmona, Executive Director of GI-ESCR
- Alexandra Haas, Executive Director Oxfam Mexico
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