Au Cambodge, les femmes se retroussent les manches pour une énergie durable et légale
Selon un proverbe cambodgien, « la place de la femme est à la cuisine ». Ici, on vous prouve le contraire. Témoignages de Eang Oeun, Say Samen, Sokha Khiev et Hem Kieng. Femmes fortes engagées dans leur communauté.
Au Cambodge, beaucoup de femmes sont vulnérables en raison de leur manque de revenus, de leur faible niveau d’éducation et des divorces qui touchent de plus en plus de familles, en particulier les jeunes mariés.
Plus généralement, les femmes au Cambodge sont aussi confrontées à des défis majeurs liés aux changements climatiques. Même si le pays est considéré comme très « boisé », la déforestation a fortement augmenté cette dernière décennie et cette forte dégradation de la forêt et des ressources naturelles par l’activité humaine contribue aujourd’hui au renforcement de ces dérèglements climatiques.
Les communautés locales font face à un risque accru de tempêtes, précipitations irrégulières et de problèmes d’approvisionnement pour les ménages locaux. Les sécheresses et les pénuries de nourriture sont plus récurrentes, impactant particulièrement les femmes et les enfants.
En savoir plus sur la valorisation des ressources forestières au Cambodge
Des femmes qui encouragent d’autres femmes à prendre part à l’administration locale
Mme Hem Kien, 64 ans, issue du village de Koh ktom, est cheffe de conseil communale de la commune de Chiep et engagée depuis 15 ans dans la gestion de l’administration locale et la mobilisation des communautés pour la gestion des ressources naturelles. En tant que femme leader, elle encourage les femmes à participer activement à l’administration du gouvernement local.
Pour Mme Hem Kien : « les hommes devraient comprendre que les femmes cambodgiennes font partie intégrante de tout développement, de toute prise de décision et de toute résolution de problème. »
Parmi les mesures mises en place, Hem Kien contribue notamment à accentuer l’éducation et la vulgarisation pour tou.te.s afin de sensibiliser les femmes et les hommes de la communauté aux facteurs qui ont contribué à causer le changement climatique et son impact sur les communautés.
La doyenne milite également quotidiennement pour renforcer les capacités des populations locales afin de s’assurer qu’elles protègent honnêtement les terres de la communauté et surtout, que celles-ci comprennent les avantages qu’elles peuvent tirer des ressources dont elles disposent, notamment en instaurant la confiance entre les membres.
Eang Ouen, cheffe adjointe de la communauté forestière O’Baktra depuis 2015 est sur la même longueur d’ondes :
«Plus nous enrichissons nos connaissances et savoir-faire pour protéger et tirer avantage de notre espace forestier, plus nous augmentons nos chances que cette ressource soit préservée ».
La filière biomasse-énergie durable, une source de revenu et d’émancipation pour les femmes cambodgiennes
A la question : pourquoi avez-vous souhaité devenir leader sur ces questions ? Mme Hem kien nous répond de manière nette et franche : « ce statut, je l’ai acquis avant tout parce que je ne suis pas mariée, donc pas de devoir domestique et enfin, parce que j’aime profondément aider les femmes et les hommes de ma communauté. Mes expériences précédentes me rendent confiante dans mon travail. »
Le témoignage de Mme Hem Kien montre encore d’une certaine façon que les femmes cambodgiennes dépendent finalement des hommes pour vivre selon leurs envies. De plus en plus de Cambodgiennes essayent d’en faire une force et même un tremplin pour l’émancipation.
C’est le cas de Sokha Khiev qui travaille au Geres depuis 3 ans et demi. Issue d’une famille modeste, elle a pu continuer ses études « grâce à son oncle et son grand-frère ».
Elle échange tous les jours avec des femmes rurales qui n’ont pas eu cette chance et s’auto-censurent dans leur participation aux activités communautaires faute de confiance en elle.
« Pendant la session genre destinée aux équipes du Geres, j’ai été surprise d’apprendre que les droits des hommes et des femmes étaient les mêmes, notamment en termes d’accès aux opportunités professionnelles.
J’encourage donc les femmes à davantage participer à la filière biomasse-énergie car c’est une source de revenus pour elles ! »
En effet, au Geres, nos équipes locales mettent un point d’honneur à faire émerger des communautés plus résilientes face aux changements climatiques via le développement d’une chaîne de production et d’approvisionnement de biomasse-énergie légale et durable.
Cela passe d’abord par un travail avec les forêts communautaires, les producteur·rice·s de charbon de bois et les autorités locales afin de garantir que le bois de chauffage soit collecté dans les zones autorisées gérées par la communauté et que le charbon de bois de qualité soit produit avec des techniques modernes qui réduisent l’utilisation de bois de chauffage.
Mais aussi et surtout, par l’amélioration des pratiques de cuisson, notamment en renforçant les capacités institutionnelles, techniques et commerciales des producteurs de foyers de cuissons dits « améliorés » pour les ménages (vous l’aurez compris très souvent tenus par des femmes).
La cuisson domestique dans le pays génère à elle-seule un besoin en énergie de 4.7 millions de tonnes de bois, soit le triple des besoins en énergie du secteur des transports.
Ces fours sont à haute efficacité énergétique ce qui réduit la forte pression exercée sur les ressources forestières et permet finalement aux cambodgiennes de moins respirer les fumées nocives issue des fours traditionnels.
Say Samen (31 ans) et son mari habitent à Samroang Yea, dans la province de Pursat, et ont pour unique source de revenus la vente de charbon de bois.
Le couple s’investit aux côtés du Geres à l’initiative de Say Samen. Aujourd’hui, les communautés forestières leur livrent du bois et tou·te·s les deux peuvent produire davantage de charbon grâce à leur foyer amélioré.
Say Samen a pris les rênes dans le couple : cette dernière est notamment responsable de la mise en sac et de la vente. C’est également elle qui entre les données dans l’application de traçabilité. Auparavant, elle recrutait aussi des aides pour la mise en sac mais désormais son mari a pu dégager du temps pour contribuer à cette tâche et l’aide également à s’occuper de leurs deux enfants.
Mme Samen aborde déjà l’avenir avec plus de confiance et nourrit de hautes ambitions pour ses enfants. L’argent qu’ils vont pouvoir mettre de côté grâce à la filière de charbon durable servira à envoyer leurs enfants à l’université pour leur offrir l’opportunité de poursuivre les voies professionnelles qu’ils désirent.
La route est encore longue mais le chemin pour l’égalité, lui est bel et bien tracé.
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