EmpowerMed : un bilan positif pour le programme et son avenir
Un consortium euroméditérranéen pour faire reculer la précarité énergétique subie par les femmes
Neuf partenaires européens, principalement actifs autour du bassin méditerranéen, s’étaient réunis autour de cette initiative d’envergure : le Geres, SOGESCA Srl (société de conseil et d’ingénierie en Italie), Universitat Autònoma de Barcelona (Université à Barcelone), IREC ( centre de recherche appliqué sur l’énergie en Espagne) Enginyeria Sense Fronteres (Association Catalane d’Ingénierie Sans Frontières), Milieukontakt Albania (une association environnementale albanaise ), DOOR (organisation environnementale indépendante en Croatie) , Focus (organisation environnementale indépendante en Slovénie), coordinateur du projet, et WECF International (ONG écoféministe).
Ensemble, ces structures ont mené à bien pendant près de quatre ans ce projet intitulé “EmpowerMed” et articulé autour de 3 sujets clés : la précarité énergétique estivale, dont on parle moins mais tout aussi pénalisante pour les familles, la santé, très directement impactée quand on ne peut vivre dans un environnement sain, et enfin le genre, parce que cette précarité pénalise de manière inégale les personnes selon leur genre.
Pour rappel, en France, en 2021 près de 12% de la population – soit 3,4 millions de ménages – étaient en situation de précarité énergétique en raison de dépenses énergétiques trop élevées par rapport à des revenus modestes. À cause notamment de la crise énergétique, le problème ne faiblit pas, pour l’hiver 2021-2022, 22% des ménages déclarent souffrir du froid dans leur logement contre 20% l’hiver précédent, du fait d’une mauvaise isolation de leur logement ou bien pour des raisons financières.
Cette problématique touche les ménages les plus vulnérables, en particulier les familles monoparentales, le plus souvent tenues par des femmes, et les personnes isolées parmi lesquelles, encore, de nombreuses femmes. De ces constats est né le programme EmpowerMed, qui redonne du pouvoir d’agir aux femmes face à la précarité énergétique.
Un démarrage plutôt qu’une fin
Le 1er et 2 juin, tous les partenaires porteurs du programme EmpowerMed se sont rassemblés à Marseille pour tirer un bilan des quatre années que comptait le projet initial et faire un point sur les missions restantes.
Cette dernière rencontre était aussi l’occasion de questionner l’avenir du dispositif, en lien avec les enjeux de la lutte contre la précarité énergétique. Une ouverture vers de nouvelles perspective donc, plutôt qu’une fin, comme par exemple :
- Pour continuer de transmettre, faire vivre les données : deux webinaires “Logement, énergie et santé face aux inégalités de genre” et “Précarité énergétique d’été : constats et solutions”, de nouveaux contenus et publications sur le site internet www.empowered.eu, et un récapitulatif de tous les articles scientifiques publiés sur le sujet
- Pour faire émerger un plaidoyer fort autour de la lutte contre la précarité énergétique subie par les femmes, et faire remonter les idées aux acteurs principaux décisionnaires : des communications via des articles et des posts sur les réseaux sociaux (publication du rapport final notamment).
- Et enfin, pour capitaliser au mieux sur les acquis de cette première phase et donner une suite au programme la possibilité de candidater à des appels à projet européens autour de l’énergie.
Pour le Geres spécifiquement, cette réunion était aussi l’occasion de présenter notre rôle de coordination du Slime à Marseille, dispositif qui vise à massifier le repérage, l’orientation et l’accompagnement des ménages en situation de précarité énergétique sur le territoire communal.
Même si le projet EmpowerMed prend fin très prochainement, la thématique de la lutte contre la précarité énergétique est toujours et plus que jamais au cœur des revendications et des actions de l’ensemble des partenaires du programme.
Pour nous, ce programme aura été un véritable tremplin pour de futurs projets, et surtout aura contribué à mettre en avant le lien entre la précarité énergétique, la santé et le genre. Reste à mesurer comment les politiques publiques sauront s’emparer de nos propositions.
Des résultats probants en face d’actions ciblées
Notre rôle au sein du projet EmpowerMed était, entre autres, le développement d’une action pilote sur Marseille, liant des approches collectives et individuelles pour sortir les ménages de leur situation de précarité énergétique ainsi que des actions de plaidoyer au niveau local et plus largement.
Les actions déployées à Marseille et aux environs proches ont notamment consisté à animer plus de 55 ateliers collectifs sur les thèmes des économies d’énergie, des éco-gestes, des équipements et de la santé. Ils ont mobilisé plus de 550 personnes au total, dont 369 femmes. Un cycle d’ateliers participatifs autour de “L’énergie et la santé dans mon logement” a notamment été mené en coopération avec WECF France.
En outre, des formations avec retours d’expérience à destination des acteurs locaux et nationaux ont été organisées et animées comme celle, en ligne, organisée dans le cadre du réseau RAPPEL autour du lien entre santé et précarité énergétique avec la collaboration du Creaq et du Geres, qui a rassemblé 49 participant·es dont 34 femmes.
En plus du travail de sensibilisation, c’est aussi plus de 50 visites individuelles auprès de ménages (majoritairement dirigés par des femmes) qui ont pu être faites pour les accompagner directement sur leurs lieux de vie et favoriser les solutions concrètes, immédiates : pose d’équipements économes, accompagnement vers des solutions durables (travaux de première nécessité, travaux de rénovation, installation de brasseurs d’air pour un confort d’été plus acceptable…).
Plusieurs grands événements ont également été réalisés comme la journée nationale contre la précarité énergétique, le 24 novembre 2022, avec l’organisation d’une journée thématique avec la Ville de Marseille, autour de la coopération entre acteurs pour faire émerger des actions collectives sur le territoire, ainsi que la présentation de nos accompagnements de ménages sur Marseille, en coopération avec Sébastien Barles, élu à la Ville de Marseille en charge de la transition écologique, de la lutte et de l’adaptation au bouleversement climatique et de l’assemblée citoyenne du futur.
Enfin, l’atelier “L’énergie et la santé dans mon logement” a été présenté au réseau Nesting, animé par WECF France, représentant autour de 150 professionnelles santé et environnement.
Au delà de ces actions de terrain, le rôle du Geres a aussi été de prendre part à des actions de plaidoyer : assises européennes de la Transition énergétique, fresques, mais aussi l’organisation d’événements autour du lien genre, changement climatique et précarité énergétique, des rencontres avec plusieurs acteurs associatifs (qui luttent contre la précarité énergétique comme le collectif Stop exclusion ou des réseaux comme le CLER, réseau pour la transition énergétique) et politiques, la contribution au lancement du Slime sur Marseille ou encore l’envoi de recommandations à l’échelle nationale (aux élu·es locaux·ales, nationaux·ales et européen·nes).
Sur toutes ces actions, les femmes ont été majoritaires en termes de participation, démontrant une fois de plus qu’elles sont très touchées par ce problème et qu’elles sont parties prenantes des solutions.
De ce programme sont issus différents documents de recommandations et d’analyse :
Précarité énergétique et genre
- les recommandations générales issues du projet
- les recommandations spécifiques pour des politiques européennes équitables en matière de genre afin de réduire la précarité énergétique (en anglais)
Précarité énergétique d’été
Précarité énergétique et santé
Analyse des situations rencontrées par les ménages et des actions mises en place sur les 6 projets pilotes en Méditerranée
Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne – convention de subvention N° 847052. La seule responsabilité du contenu de ce document incombe aux auteurs. Il ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’Union européenne. Ni l’EASME ni l’Union européenne Commission sont responsables de tout usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
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