Fulgence Akaffou : « Nous avons déjà formé 30 groupements de transformatrices à utiliser des foyers de cuissons améliorés »
Dans cette interview, Fulgence Akaffou, responsable biomasse au Geres, répond à nos questions sur l’importance de repenser la cuisson du manioc au Bénin, notamment pour les femmes qui sont souvent responsables de la récolte de bois de feu pour la transformation agroalimentaire et la cuisson des aliments. Un enjeu climatique et sanitaire.
Fulgence Akaffou
est ingénieur, responsable projets finance carbone et biomasse au Geres.
Qu’est-ce qui vous a conduit à travailler sur la cuisson/transformation du manioc au Bénin ?
F.A : — Au Bénin, environ 70% des femmes vivent en milieu rural, où elles effectuent une très grande partie des travaux agricoles et des prestations pour nourrir leurs familles. Les femmes sont responsables de la récolte du bois de feu pour la transformation agro-alimentaire et la cuisson des aliments.
La filière du manioc, avec transformation en gari ou autres produits dérivés, concerne 4 femmes rurales sur 5, particulièrement dans le département des Collines au centre du pays.
Quels sont les problèmes posés par cette transformation ?
F.A : — La transformation de semoule de manioc en gari est une torréfaction très énergivore qui dure de 8 à 11 h. Avec l’utilisation de foyers ouverts (dits « 3 pierres »), pour 100 kg de gari transformé, les femmes transformatrices consomment en moyenne 200 kg de bois de chauffe. A cela s’ajoutent la pénibilité et les risques pour leur santé, et celle des jeunes enfants, avec une forte pollution de l’air domestique due aux fumées et de fréquentes brûlures.
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Avec qui avez-vous travaillé ce sujet ?
F.A : — Deux acteurs intercommunaux du territoire sont impliqués :
- Le GIC, Groupement Intercommunal des Collines, regroupe les 6 communes et œuvre à la définition et à la mise en œuvre des politiques de ce département.
- La CoForMO, Communauté forestière du Moyen-Ouémé, réunit 9 communes (dont celles du GIC) pour une gestion durable des ressources forestières du domaine protégé de l’Etat du Moyen-Ouémé.
Quelles solutions apportez vous et quels sont les principaux résultats à ce jour ?
F.A : — Un foyer productif amélioré « ALAFIA », économe et adapté à la cuisson du gari, a été développé et diffusé par le projet CEMAATERR, un projet visant à réduire l’empreinte carbone et améliorer la résilience aux changements climatiques dans les territoires ruraux du pays, avec des démonstrations et des tests in situ.
Ici, par exemple, les potières et les femmes transformatrices ont été impliquées dans la recherche de la solution qui convient le mieux, ce qui leur a permis d’explorer les notions d’efficacité énergétique, de contrôle des fumées, mais aussi d’approvisionnement en matières premières
30 groupements de transformatrices ont bénéficié de formations in situ et d’un suivi rapproché sur ce foyer en argile et en cage métallique : utilisation, fabrication et entretien, notamment la production de l’agrégat de terre pour être autonomes dans son entretien et le réaliser sans coût.
A ce jour 90 foyers collectifs pour la transformation du manioc en gari ont été diffusés à 30 groupements de femmes.
Après l’utilisation, place aux retours positifs.
Aujourd’hui, on constate une forte réduction de l’utilisation de bois et une amélioration de l’efficacité énergétique d’environ 50%. On note également une amélioration des revenus économiques nets des femmes et ce, grâce à l’augmentation des rendements de production et à la diminution des quantités de bois de feu utilisées. Enfin, la démarche nous montre que les conditions de travail et de la santé des femmes transformatrices sont bien meilleures. Cela étant lié à la qualité et la rapidité de la cuisson et l’atténuation de la pollution de l’air domestique.
L’enjeu principal aujourd’hui, au regard des bon résultats obtenus par le programme « CEMAATERR » est donc de mobiliser du financement pour poursuivre et amplifier cette action qui répond à d’immenses besoins sociaux, économiques et environnementaux.
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