À la rencontre des familles de la périphérie d’Oulan-Bator en Mongolie
Le climat continental extrême de la Mongolie met sa population à rude épreuve et contraint certaines familles à transiter vers un mode de vie plus sédentaire et à s’installer dans la capitale. Fort de son expérience en Asie centrale, le Geres est allé à la rencontre des habitants des quartiers précaires d’Oulan-Bator afin de développer des solutions adaptées à leur contexte pour améliorer leurs conditions de vie.
M. Song et Mme Kha* font partis de ces populations fragiles, ayant migrées des plaines rurales à la ville en quête d’une vie meilleure. Nous vous racontons.
M. Song, père de trois enfants habite en périphérie d’Oulan-Bator dans une yourte traditionnelle. Après la perte de son cheptel, il a été forcé de quitter sa région rurale et de vendre ce qu’il lui restait de bétail pour entamer cette nouvelle vie sédentarisée.
Tout comme lui, près de 93 % des habitants de ces quartiers ont été contraints de migrer vers la ville en quête d’un revenu stable et d’une vie meilleure. C’est ainsi qu’Oulan-Bator voit sa périphérie grandir de jour en jour, accueillant de plus en plus de familles qui s’installent, faute de moyens suffisants, en yourtes ou dans des logements de fortune.
Des premiers signaux de détresse environnementaux, sanitaires et socio-économiques ont pu être identifiés, incitant le Geres à travailler sur ce nouveau territoire en s’appuyant sur son expertise développée dans des contextes aux climats froids (Himalaya indien, Afghanistan et Tadjikistan). Le Gereset ses partenaires locaux ont ainsi étudié le contexte de vie de ces populations précaires de Mongolie et sont allés à la rencontre de ces femmes et de ces hommes pour mieux cerner leurs besoins et construire avec eux des solutions pérennes.
Un contexte climatique inquiétant
Les grandes vagues de froids connus sous le nom de « dzuds » sont un véritable fléau pour la Mongolie. Ces hivers particulièrement virulents (-40°C) mettent en péril la survie du bétail et de fait, la survie des familles nomades, alors que plus de 80 % de la population vivait encore de l’élevage en 1980. La désertification progressive, accélérée par de longs hivers, freine les perspectives de reconstitution de ces élevages.
Par conséquent, ces migrants climatiques, sans ressources, se sont agglomérés dans la capitale à la recherche de nouvelles alternatives de vie, de nutrition et d’emploi. Aujourd’hui, ces quartiers, véritables bidonvilles en périphérie de la ville réunissent 800 000 personnes soit près de 60 % de la population d’Oulan-Bator. Ces anciens nomades sont particulièrement fragilisés par leur faible niveau d’éducation scolaire et cumulent les emplois précaires et difficiles. Le taux de chômage y est estimé à 60 % et près d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Des conditions sanitaires et socio-économiques difficiles
Faute de moyens, les nouveaux habitants de la périphérie de la capitale s’installent en yourtes, habitats traditionnels en toile, peu adaptée à la vie sédentarisée, ou dans des maisons en dur souvent insalubres et mal isolées, par manque de savoir-faire. La présence de nombreuses yourtes, nommées Ger en Mongolie, a donné son nom au quartier : « Ger district ». De plus, cette sédentarisation progresse trop rapidement au vu des investissements publics qui peinent à suivre. Les infrastructures et services essentiels tels que l’accès à l’eau courante, à l’électricité, au chauffage et à un système d’assainissement sont inadaptés, ce qui renforce la précarité de ces quartiers.
Durant les 8 mois d’hiver, la situation est particulièrement difficile. Face aux températures extrêmes, les familles se chauffent au bois ou au charbon avec des foyers qui émettent beaucoup de fumée et affectent directement la santé de tous les membres de la famille. Les combustibles provoquent une pollution atmosphérique particulièrement chargée en particules fines, qui peut aller jusqu’à 12 fois les limites recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le taux de mortalité infantile est de 17% (réf. 3,5% en France) et les maladies respiratoires sont en hausse. Outre les problèmes sanitaires, le chauffage est également un coût important pour ces familles. Elles consacrent en moyenne 10% de leur revenu, et parfois bien plus…
Mme Kha est contrainte de dépenser 80% de son revenu dans l’achat de charbon pour le chauffage dans les périodes les plus dures en hiver afin de tenir ses 4 enfants au chaud. Le reste de leur revenu permet tout juste de couvrir l’électricité.
La nourriture et les vêtements arrivent au second plan et leur font souvent défaut. La maison dans laquelle ils vivent a été construite il y a près de 30 ans et n’a jamais été rénovée. Au printemps dernier, le toit de leur maison a pris feu, et il a été remplacé par une structure en bois légère. Les murs ont été sévèrement endommagés, et se dégradent à vue d’œil.
La précarité de ces quartiers s’accompagne de problèmes sociaux de plus en plus visibles : nombre d’enfants des rues en hausse (400 000 dans la capitale), corruption, alcoolisme, maltraitance, addictions aux drogues, et suicides (3ème pays au monde avec 48% des hommes – OMS 2015).
A la recherche de solutions énergétiques pour l’habitat des populations vulnérables
Face à ce constat, et fort de son expertise dans des contextes similaires, le Geres cherche à apporter des solutions concrètes à l’insalubrité et à la précarité de l’habitat pour ces familles marginalisées afin d’améliorer significativement leurs conditions de vie et leur santé.
Ainsi le Geres se fixe pour objectif de développer, puis de déployer auprès des familles précaires, des solutions économes en énergie pour l‘habitat (équipements, isolation,…). Afin de pérenniser ce déploiement, cette ingénierie technique s’accompagnera d’un renforcement des professionnels de la construction, de l’implication des acteurs locaux, et de la dissémination des bonnes pratiques auprès des familles. De plus, le Geres soutient l’émergence de mécanismes financiers facilitant l’accès à ces solutions pour les familles pauvres. Une étude pour mesurer les impacts socio-économiques des solutions énergétiques promues, sur les ménages et sur l’environnement, sera menée tout au long du projet.
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